Commerce automobile: De plus en plus de moutons noirs?
Quand le marché automobile va mal, certains professionnels compensent leur infortune par tous les moyens, y compris les moins légaux. Une tendance à la hausse, comme en témoigne le courrier de nos lecteurs.
Par mail, courrier ou téléphone, les témoignages que nous recevons sont éloquents: toutes régions et toutes marques confondues, certains professionnels de la vente et de la réparation se livrent à de nombreuses tromperies vis-à-vis de leurs clients. Et cela qu’il s’agisse de la vente de véhicules, neufs ou d’occasion, de l’entretien, ou même en fin de cycle lors de la mise à la casse d’un véhicule hors d’usage.
Voiture neuve… d’un an et demi
Louis B., retraité résidant sur la Côte d’Azur, commande à son concessionnaire une Peugeot 307 XS Premium 2 litres essence. Le vendeur lui propose non pas une XS mais une XT, livrable sous 15 jours et avec un rabais de 10 % au titre des journées “portes ouvertes”. Lorsque l’acheteur prend possession de l’auto, la carrosserie est sale et l’habitacle plein de poussière. De plus, la taille des jantes n’est pas la bonne, les vitres arrière électriques promises sont devenues manuelles, le volant n’est plus habillé de cuir et les baguettes extérieures ne sont pas de la bonne couleur. Pris d’un doute, notre lecteur enquête et finit par apprendre que sa voiture neuve l’attendait depuis un an et demi… comme beaucoup de modèles essence haut de gamme, difficiles à écouler à cause de leur moteur et de leur finition, et qui encombrent les concessions. Contacté, le vendeur minimise les faits, rappelle la “généreuse” ristourne de 10 % et propose 300 € de dédommagement. Un peu léger pour un modèle 2 litres essence déjà peu recherché, mais qui affiche surtout une décote d’un an et demi, soit un bon 30 % pour ce type de motorisation, dès le lendemain de la vente! Un cas malheureusement pas unique.
Voiture de direction… mal dirigée
En avril 2004, Yves F. achète d’occasion un coupé français diesel immatriculé pour la première fois un an plus tôt. Le concessionnaire vendeur explique qu’il s’agit d’un véhicule de direction, ce qui est censé rassurer l’acheteur. Depuis, la voiture cumule les ennuis de toutes sortes, surtout électriques et électroniques (phares, sièges électriques, autoradio, GPS, climatisation), mais aussi de carrosserie (peinture qui se pique, éléments de carrosserie qui se désolidarisent) ou encore de châssis (usure anormale des pneumatiques). En fait, la voiture de “direction” a toutes les chances d’être une ancienne voiture d’essai, voire un retour de location, ou pire encore un véhicule défectueux repris à un client d’une autre concession et revendu sans autre forme de procès dans une région différente.
Occasion kilométrée
Selon le vendeur de cette concession, l’auto que va acheter Gérard P. est une affaire. Pensez donc, un monospace familial diesel, toutes options, d’un an à peine, avec seulement 10000 km, à 25 % en dessous du prix neuf, c’est une aubaine. Que Gérard achète. Pour son malheur. Car “l’affaire” cumule les ennuis pendant plusieurs mois, avec entre autres des pertes de puissance moteur. Un autre représentant de la marque découvre qu’en fait ce monospace, qui se révèle être un retour de leasing, a effectué 40000 km, soit 30000 de plus qu’annoncé. Depuis, Gérard essaie de régler l’affaire à l’amiable avec son vendeur.
Entretien sans fin
Cent vingt jours d’atelier pour bricoler une boîte automatique qui ne marche pas et alors qu’un des responsables de la concession avoue: “Une boîte automatique, ça se change mais ne se répare pas”, ça fait beaucoup. D’autant plus que, lors des premiers ennuis, la voiture est encore sous garantie, mais au fil des interventions le temps passe et le propriétaire s’entend alors dire que sa garantie étant expirée, on ne peut plus grand-chose pour lui, sauf changer la boîte à ses frais!
Des casseurs qui ne se cassent pas
Certains casseurs, eux non plus, ne résistent pas à la tentation de l’arnaque. Par exemple en demandant rémunération (jusqu’à 100 €) à un propriétaire de véhicule alors que l’assurance de ce dernier a déjà réglé la prestation d’enlèvement. Or sur les 2500 casseurs qui exercent en France et traitent chaque année 1,3 million de véhicules pour un chiffre d’affaires de plus d’un milliard d’euros, seuls 1200 possèdent une autorisation préfectorale pour exercer.
Au final, ce sont là des pratiques qui ne sont pas nouvelles et restent le fait d’une minorité. Mais leur fréquence et le fait qu’elles émanent de plus en plus souvent de représentants légaux des constructeurs n’est guère rassurant.