Quand la batterie flanche
L’hiver est là. Sollicitations accrues et nuits glaciales menacent vos volts.
Petit matin d’hiver, coincé dans les embouteillages, codes allumés, radio en marche, dégivrage de la lunette arrière et soufflerie pour éliminer la buée, avec le portable qui se recharge sur l’allume-cigares et les essuie-glaces qui tentent de chasser les pluies de décembre, ce n’est pas drôle pour le conducteur… Encore moins pour la batterie, rechargée à grand-peine par un alternateur qui tourne comme le moteur, au ralenti.
C’est ainsi que 60 % des sept millions de batteries changées chaque année en France le sont entre octobre et mars. Sachant que l’âge moyen du parc automobile français est de 7,7 ans et que la durée de vie d’une batterie est de 4,9 ans, on en conclut que cet achat n’épargne personne.
Batterie à plat : le diagnostic
Les voyants du tableau de bord ne s’allument pas en mettant le contact, ou s’éteignent si on sollicite le démarreur… muet.
Si les feux n’ont pas été oubliés allumés, et que la décharge reste mystérieuse, il peut s’agir de cosses sulfatées ou desserrées par les vibrations. Parfois un nettoyage-resserrage suffit à retrouver les volts disparus. Mais des veilleuses oubliées, un plafonnier resté allumé, peuvent avoir déchargé totalement la batterie, l’endommageant de manière définitive.
Comment le savoir ?
D’abord en démarrant grâce à des câbles que l’on branchera sur la batterie d’une voiture de secours en commençant par relier les bornes positives (rouges ou portant le signe +), puis les bornes négatives (noires ou portant le signe –) des deux voitures. Après quoi on démarre la voiture “dépanneuse” que l’on fait tourner au ralenti accéléré, puis on met le contact sur la voiture en panne et l’on actionne le démarreur. Une fois le moteur de celle-ci tenant correctement le ralenti, on peut débrancher les câbles en commençant par le négatif (–). L’idéal est ensuite d’effectuer une quinzaine de kilomètres en utilisant un minimum de consommateurs électriques avant de revenir à proximité de la “dépanneuse”, de couper le moteur puis tenter de redémarrer. Si le démarreur reste totalement muet, la batterie est bonne à remplacer, ayant perdu toute capacité de recharge. S’il y a du mieux, même si la voiture est encore incapable de démarrer elle-même, une recharge peut être tentée, soit avec un chargeur de batterie, soit en effectuant une centaine de kilomètres de route.
Le test des codes peut également renseigner sur la “survie” de la batterie. Après avoir redémarré avec des câbles (ou à la “poussette”), on effectue une quinzaine de kilomètres de route – le double de nuit – puis on se gare face à un mur et, moteur tournant au ralenti, on observe le faisceau des codes. Si l’intensité de l’éclairage oscille en suivant le régime moteur ou que la lumière vibre en phase avec le ralenti, c’est que la batterie ne fait plus “tampon” entre l’alternateur et l’ampoule. Inutile de pousser plus loin la tentative de recharge, la batterie est bonne pour la réforme… l Sur certaines voitures récentes, une batterie complètement déchargée peut poser problème car différents codes et mémoires (alarme, antidémarrage, radio, ordinateur de bord, injection, airbags, ABS, climatisation) ont pu être perdus, nécessitant une reprogrammation chez le concessionnaire. Au minimum, une batterie totalement déchargée impliquera une reprogrammation du code antivol de l’autoradio.
Entretenir sa batterie
Le niveau de l’électrolyte (le mélange eau/acide qui sert au processus électrochimique) dans la batterie se vérifie au minimum deux fois par an (1,5 cm au-dessus des éléments, à compléter avec de l’eau déminéralisée), mais une surveillance accrue prolongera la durée de vie de la batterie en évitant d’avoir un élément découvert. Sur les batteries sans entretien, il faudra laisser un professionnel intervenir, car il n’est pas toujours possible ni recommandé de les ouvrir.
Une batterie est sensible à la température. La conductibilité de l’électrolyte est réduite par le froid, et simultanément le moteur est plus difficile à entraîner par faible température. De plus, si une batterie bien chargée résiste au gel jusqu’à – 68 °C, chargée à moitié elle supporte de – 17 à – 27 °C et déchargée de – 3 à – 11 °C seulement, de quoi passer de vie à trépas durant une nuit d’hiver !
Des éléments noirs et un électrolyte brun dénotent un mauvais mélange eau/acide, une perte de matière active sur les grilles due à un niveau d’électrolyte insuffisant ou encore une surcharge à cause d’un alternateur ou d’un régulateur défectueux. Une baisse régulière du niveau d’électrolyte sans aucune fuite est également le signe d’un problème concernant ces deux derniers accessoires.
Du sulfate sur ses cosses et ses bornes indique une décharge chronique de la batterie. Le sulfate de plomb se forme d’abord sur les plaques internes de la batterie du fait du faible voltage et remonte jusqu’aux bornes. Il s’élimine à l’aide d’un chiffon humide. On essuie ensuite avec un chiffon sec et l’on peut monter préventivement des rondelles anti-sulfate (10 F environ en supermarché) ou enduire les cosses de graisse, mais cela uniquement après les avoir rebranchées.
“Secouez-moi, secouez-moi”, c’est le geste de la dernière chance sur la batterie déchargée d’un véhicule n’ayant pas roulé depuis longtemps, si l’on ne dispose ni de câbles de batterie ni de bras puissants pour la “poussette”. Après une longue immobilité, l’acide de l’électrolyte stagnant dans le fond de la batterie, secouer cette dernière active la régénération du processus électrochimique. Il faut patienter quelques minutes pour qu’elle se “réveille” et tenter sa chance.