Freinage d’urgence sur la neige : vive l’ABS !
En douze tests dans des situations différentes, nous avons mesuré les distances de freinage sur neige. Selon qu’une voiture est équipée ou non de l’ABS, de pneus normaux, de chaînes ou de “thermogommes”, le freinage d’urgence sur la neige change du tout au tout. C’est ce que montrent nos tests à 30 et 50 km/h, avec des résultats surprenants à la clé.
Pneus d’origine et ABS
La situation est critique. A l’attaque du freinage, la pédale devient instantanément dure comme un parpaing puis “fourmille” de toutes les remontées de pression du système, affolé par l’absence d’adhérence. Pour preuve, notre freinographe n’indique qu’une décélération de 0,09 g à 30 km/h et 0,12 g à 50 km/h, autant dire rien. Le pouvoir directionnel est faiblement conservé, mais pas assez pour éviter un obstacle impromptu.
Pneus d’origine sans ABS
Dès l’attaque du freinage, la messe est dite : les quatre roues se bloquent instantanément et l’auto file tout droit en perdant tout pouvoir directionnel ; impossible donc d’éviter un éventuel obstacle. C’est le “coin” de neige qui vient se former sous chacun des pneus bloqués qui va jouer le rôle de cale, ralentir la voiture et finir par l’arrêter… On freine plus court qu’avec l’ABS… mais dans le talus si la route est bombée.
Chaînes et ABS
Le mariage d’une paire de chaînes et de l’ABS se révèle bénéfique : on gagne 17 m à 30 km/h et 29 m à 50 km/h par rapport aux pneus d’origine avec ABS. Ce gain est le résultat d’une meilleure efficacité de l’ABS grâce aux chaînes qui crochent dans la neige. La pédale devient plus souple et l’on sent bien les saccades dues aux remises en pression de l’ABS. Mais les roues arrière, non chaînées, se dérobent vers le côté entraînant un tête-à-queue. D’où l’utilité d’un deuxième jeu de chaînes.
Chaînes sans ABS
Les roues se bloquent et les distances chutent : on atteint 15 m à 30 km/h et 37 m à 50 km/h. Les chaînes creusent la neige, faisant quasiment office de godets et un “coin” de neige se forme instantanément devant les pneus avant. Si la couche de neige n’est pas trop épaisse, les chaînes finissent même par atteindre l’asphalte. En revanche, si les distances raccourcissent, les possibilités d’évitement disparaissent totalement !
Thermogommes avec ABS
Grâce à leurs gomme et sculptures spécifiques pour rester efficaces même par très faibles températures et sur la neige, les thermogommes se révèlent très performants : avec ABS, ils freinent aussi bien – voire même plus court de 2 m à 30 km/h – que les chaînes sans ABS ! Ce sont eux qui permettent la plus grosse décélération (0,24 g). La direction reste opérationnelle et l’équilibre de la voiture redevient gérable.
Thermogommes sans ABS
Sans ABS, les distances s’allongent de 5 et de 7 m par rapport à celles avec ABS ! Le pouvoir directionnel est absent mais la voiture reste équilibrée en l’absence de dévers important de la chaussée.
Conclusion
En ne considérant que l’aspect freinage sur la neige, en pneus d’origine chaînés ou non, mieux vaut ne pas avoir d’ABS. Un constat très théorique, car la voiture devient incontrôlable au moindre coup de frein. En outre, la déconnexion de l’ABS – que nous avons opérée pour ces tests – n’est à la portée que d’un professionnel, faute de quoi, sur la plupart des voitures, elle se solde par la suppression de l’assistance de freinage. Contre toute attente, la combinaison thermogommes + ABS s’avère plus efficace que les chaînes.
Si, pour des questions de coût et d’aspect pratique, les chaînes (qui ne permettent pas de dépasser 50 km/h) sont parfaites pour des vacanciers qui veulent simplement accéder sans souci aux stations de ski, pour ceux qui doivent rouler plus longtemps dans des régions à risque la monte de quatre pneus thermo-contact est incontournable pour bénéficier pleinement des avantages de l’ABS, quitte à perdre un peu en tenue de route et en précision de conduite sur route sèche.