Garantie constructeur : on en prend pour deux ans
En France, il existe deux types de garantie automobile : la première, dite “contractuelle” ou “constructeur”, est accordée au client par la marque lors de l’achat d’un véhicule neuf.
Sa durée et ses conditions d’application (le plus souvent un an pièces et main-d’œuvre, kilométrage illimité) sont mentionnées sur le contrat. La voiture est couverte contre toute panne ou usure anormale durant cette période.
La seconde est dite “légale” ou encore “des vices cachés”. Elle découle des articles 1 641 et suivants du Code civil et stipule que tout défaut de fabrication ou usure anormale survenant après la fin de la garantie constructeur doivent être pris en charge par ce dernier sans limitation de temps ni de kilométrage. Mais la probabilité d’obtenir gain de cause face à un tribunal est inversement proportionnelle à l’âge ou au kilométrage du véhicule.
Désormais, le droit européen se rapproche du droit français, puisque la Commission européenne a adopté un texte qui oblige tous les États de la communauté à offrir, à partir du 1er janvier 2002, une garantie “légale” d’une durée minimum de deux ans pour tous les biens de consommation.
Du coup, plusieurs marques qui offraient une garantie constructeur d’un an ont décidé de la porter à deux. Le groupe Fiat (Fiat, Alfa, Lancia) en a fait bénéficier tous ses clients dès le 1er septembre 2001, sans limitation de kilométrage et en incluant une assistance routière. Un mois plus tard, c’était au tour de BMW, de DaimlerChrysler (Chrysler, Jeep, Mercedes), GM (Opel, Saab) et Volkswagen.
Dans le clan des “irréductibles” de la garantie constructeur d’un an, on trouve Audi, Citroën, Peugeot, Ford, Renault, Subaru et Volvo. Chez Renault et Volvo, on affirme réfléchir à une possible extension. Il est vrai que Renault, comme Citroën et Peugeot, accorde déjà 24 mois de garantie constructeur sur le marché allemand. Si, selon ces marques, l’existence en France d’une garantie légale non limitée ne rend pas urgente l’adoption de cette garantie de deux ans, il en va autrement du point de vue du consommateur. Peu mise en avant par les concessionnaires, la garantie légale n’a pas l’attrait de la garantie constructeur : dans le meilleur des cas, il faut se donner la peine d’envoyer un courrier recommandé pour l’activer et, au pire, l’affaire se conclut au tribunal. De nombreux témoignages de lecteurs font état de réponses dilatoires des concessionnaires ou des services clientèle en matière de vices cachés, affirmant sans vergogne ne rien pouvoir faire, arguant d’une période de garantie contractuelle terminée, “oubliant” au passage l’existence de la garantie légale.
Si nos constructeurs sont réticents, c’est aussi parce qu’ils ont développé depuis plusieurs années des extensions de garantie payantes qui peuvent coûter près de 460 E pour deux ans de couverture supplémentaire (Renault Clio). Une extension de garantie constructeur constituerait à l’évidence un manque à gagner… Mais à côté de ces marques “timides”, d’autres avaient déjà fait le choix d’une garantie constructeur d’une durée de trois ans. Parmi elles, beaucoup de coréennes et japonaises (Daewoo, Daihatsu, Hyundai, Kia, Honda, Mazda, Mitsubishi, Nissan, Toyota), mais aussi quelques européennes (Jaguar, Rover, Seat, Skoda). Avec le succès que l’on sait en termes d’image de marque et de ventes.