Gonflage des pneus à l’azote : Du vent ?
Remplacer l’air comprimé par de l’azote est à la mode : Voici les avantages que l’on peut en attendre.
A l’exemple de la F1, certaines chaînes de centres auto proposent le gonflage des pneumatiques à l’azote, arguant d’une plus grande stabilité tant en pression qu’en température par rapport à l’air comprimé. Mais à l’inverse de ce dernier, l’azote n’est pas gratuit et très rares sont les professionnels à être équipés pour cette prestation. Alors, utile ou pas, le gonflage à l’azote ?
Depuis peu, les centres Norauto, Euromaster et Autobacs proposent le gonflage des pneumatiques à l’azote. Une prestation facturée 12 euros en moyenne pour les cinq roues (celle de secours comprise) et qui comprend, outre le gonflage initial, la remise à pression gratuite durant toute la durée de vie des pneus, même en cas de crevaison.
Les promesses
Tous ceux qui proposent cette prestation avancent les arguments suivants :
– Sécurité : gaz inerte, l’azote, contrairement à l’air, est quasiment insensible aux changements de température, alors que l’air comprimé, avec l’échauffement du pneu en roulant, provoque une montée en pression due à “l’expansion” de l’oxygène qui se dilate avec la chaleur. L’azote présente donc un moindre risque d’éclatement lié à l’échauffement du pneu. Cette stabilité de pression confère aussi un meilleur comportement de la voiture en freinages, accélérations et virages.
– Economie : cette pression du pneu n’est pas seulement stabilisée, mais aussi préservée : les molécules d’azote, plus “grosses”, passent moins facilement à travers le caoutchouc poreux des pneumatiques. D’ailleurs, les promoteurs de l’azote avancent des intervalles entre chaque gonflage multipliés par quatre et recommandent d’augmenter la pression préconisée par les constructeurs de 100 g. Le moindre échauffement et l’absence de sous-gonflage engendreraient moins d’usure et jusqu’à 20 % de kilométrage en plus. Autre économie attendue, jusqu’à 10 % de carburant pour ceux qui roulent souvent sous-gonflés par négligence.
– Ecologie : moins de consommation d’énergie, donc moins d’émanations polluantes, et une durée de vie plus grande des pneus réduit le volume
de déchets à traiter.
La réalité
– Sécurité : l’air que nous respirons, comme celui qui gonfle nos pneus, contient 78 % d’azote, 21 % d’oxygène et 1 % de gaz rares. Le gonflage à l’azote se propose de remplacer les 21 % d’oxygène qui “posent problème”. Or ce problème est facilement résolu grâce à une surveillance normale de la pression des pneus. Car un gonflage mensuel et gratuit n’est pas une grosse contrainte.
Côté moto, la non-montée en température des pneus constitue un réel handicap, car ceux-ci ont déjà du mal à atteindre en utilisation normale la température qui garantit une bonne adhérence.
– Economie : un automobiliste qui regonfle régulièrement ses pneus à l’air pourra, lui aussi, bénéficier des 20 % de kilomètres supplémentaires, d’une consommation non majorée de 10 % et il économisera 12 euros.
– Ecologie : le bilan écologique est le même avec l’air, pour peu que l’on se donne la peine de contrôler ses pressions.
Conclusion
Présenté comme une révolution (“utilisé en compétition automobile, notamment la Formule 1, ainsi qu’en aviation”), le gonflage à l’azote nous paraît présenter un intérêt minime. Voire un effet pervers : l’utilisateur auquel on a assuré qu’il n’y avait quasiment plus de perte de pression risque de ne plus se préoccuper de celle de ses pneus, et s’exposer à des dangers en cas de valve ou de capuchon déficient. Sur le plan pratique, pour vérifier la pression et la compléter, il faut retourner avec sa facture dans un des centres du réseau où le premier gonflage à l’azote a été effectué. Beaucoup y renonceront et ajouteront de l’air comprimé, perdant ainsi tout le bénéfice de l’azote.