RENAULT : La qualité, enfin ?
Alors que les constructeurs français étaient parvenus à redorer leur blason en mettant fin au manque de fiabilité de leurs modèles, une série noire de défaillances techniques oblige Renault à lancer un “plan qualité” qui s’étalera sur deux ans. Lors de la dernière convention des cadres de Renault qui a réuni 11000 d’entre eux à Bercy le 30 janvier dernier, le PDG Louis Schweitzer a martelé que la qualité devait être leur préoccupation première. Il a même fixé un objectif extrêmement ambitieux en employant l’expression “tolérance zéro” en la matière. Il est vrai que depuis l’affaire des moteurs dTi et dCi qui a conduit Renault à rappeler 500000 véhicules en Europe dont 200000 en France, avec pour le constructeur un coût moyen d’intervention d’environ 400 euros par véhicule, les soucis se sont succédé, y compris sur des modèles récents. Ainsi la Clio 2 dont les versions 1.5 dCi ont été rappelées pour pose de vis supplémentaires sur les manetons de bielle, les Scénic dCi pour changement de turbo mais aussi d’huile moteur et de filtre à cause d’une viscosité inadaptée, les Laguna 2 pour des problèmes électroniques multiples (accès à bord, démarrage, etc.), les Mégane 2 dont quelques dizaines de milliers furent bloquées chez les concessionnaires en attendant le remplacement d’un boîtier d’ABS prenant l’eau, les Vel Satis perdant leurs baguettes de portières, aux roues impossibles à équilibrer et aux nombreuses pannes électroniques, ont largement entamé l’image de fiabilité de la marque.
Une impression confirmée par un sondage interne qui prouverait qu’en 2002 une Renault neuve sur dix a connu une panne immobilisante. Selon un syndicaliste de l’entreprise, même l’entourage et les proches de Louis Schweitzer se seraient plaints auprès de lui de ce manque de qualité sur leurs propres véhicules.
Du coup, le constructeur a annoncé en interne un “plan qualité Renault” qui s’étalera sur deux ans et dont Jean-Louis Ricaud, directeur de la qualité Renault, expliquait à notre confrère Rechange Automobile qu’il “avait pour but de diviser par deux ou trois le taux d’incidents sur certains organes ou véhicules existants”. Pour y parvenir, des vérifications renforcées et des contrôles supplémentaires à la réception des pièces de fournisseurs, mais également sur chaîne et en fin de chaîne, seront mis en place, sans oublier des essais de roulage systématiques. De plus, selon le syndicat CGT du constructeur, 2000 personnes se seraient vu confier de nouvelles responsabilités dans l’entreprise en matière de suivi qualité. Pour autant, la CGT s’interroge sur les deux objectifs, selon lui totalement antagonistes, mis en avant par Louis Schweitzer lors de cette convention: “réduire les coûts fixes” et “privilégier la qualité”.
Pour les syndicalistes, cette déperdition de qualité vient d’une mauvaise écoute du personnel, d’une trop grande rotation de celui-ci, ainsi que d’une pression trop forte sur les sous-traitants. Ce que l’un d’entre eux traduit ainsi: “A force de baisser les effectifs, à force de remplacer les hommes de métier par des gestionnaires, à force d’externaliser, on finit par ne savoir traiter les problèmes techniques qu’en envoyant des notes aux fournisseurs pour exiger qu’ils les résolvent et on rencontre des difficultés pour renouveler les compétences et former les jeunes.” De son côté, Jean-Louis Ricaud martèle: “La qualité est un combat de tous les jours et nous n’en aurons jamais fini avec elle.