Tarifs d’assurance : Les hausses qui fâchent
Moins d’accidents, de tués et de blessés, des vols de voiture en forte baisse et pourtant des tarifs d’assurance auto à la hausse. Les assureurs se moqueraient-ils du monde?
En matière de sécurité routière, les résultats sont maintenant indiscutables. Je crois que nos concitoyens, qui ont fait le gros dos pendant la période de hausse, ne comprendraient pas que les assureurs ne tirent pas toutes les conséquences des succès obtenus dans ce domaine.” De qui ces propos rassurants lors de la clôture des Entretiens de l’assurance à Paris début décembre 2003? Du très sérieux Francis Mer, ministre de l’Économie et des Finances. De son côté, Christian Gerondeau, président de la Fédération des Automobile-Clubs, réclamait “une réduction de 15 % des primes d’assurance, ce qui est encore inférieur à la baisse des accidents constatés, qui avoisine 30 %”. Enfonçant encore un peu plus le clou, Jean-Pierre Raffarin lui-même déclarait, le 12 janvier dernier: “Nous sommes particulièrement sensibles aux efforts qu’ont fait les Français sur nos routes. Comme cette politique va durer et qu’elle porte déjà ses fruits, je souhaite que les assureurs les prennent en compte dans la fixation de leurs tarifs.”
Il est vrai que les derniers chiffres montrent, outre le recul des accidents corporels de 18,4 %, une réduction de 20,8 % du nombre de tués et de 20,3 % de celui des blessés entre 2002 et 2003. Logiquement, les indemnisations de sinistres corporels et matériels sont en baisse. De quoi légitimer dans l’esprit des automobilistes l’attente d’une baisse des primes des contrats auto.
‘ Les assureurs décidés pour la hausse
Pourtant, les assureurs dans leur ensemble ne semblent guère envisager de baisse. Si la Maaf-MMA, la Maif ou la Matmut gardent les mêmes tarifs qu’en 2003, ceux de la Macif devraient augmenter faiblement dans certaines régions, alors que chez Groupama-Gan l’augmentation fluctuerait entre 0 et 3 %, et de 1 à 3 % pour les AGF. De leur côté des compagnies comme Axa, Aviva, Azur-GMF ne fixeront pas leurs tarifs avant le 1er avril 2004, date de renouvellement des contrats de leurs assurés, mais si l’on en croit les déclarations de leurs dirigeants il n’y a pas d’espoir de baisse.
Qu’ils aient ou non déjà annoncé une hausse de leurs tarifs, les assureurs avancent de nombreux arguments pour se justifier. Ainsi pour Henri de Castries, président d’Axa: “On ne peut pas fonder l’ensemble d’une politique tarifaire sur une baisse de fréquence qui est récente, sur une seule branche.” En clair, il est urgent d’attendre, contrairement au souhait du Premier ministre. Autre argument évoqué par les assureurs, la hausse des coûts de la réparation automobile. Or, selon le Centre national des professions automobiles, le prix d’une intervention en réparation n’a augmenté que de 4,3 % entre octobre 2002 et octobre 2003. Une hausse plus que compensée par la baisse du nombre d’accidents. De plus, l’âge moyen du parc français est de 7,7 ans, ce qui tempère le discours des assureurs arguant d’une complexité accrue des véhicules qui entraînerait des surcoûts de réparation.
De son côté Roger Belot, président de la Maif, rappelle que “le gel des tarifs décidé pour 2004 correspond en réalité à une baisse, si l’on tient compte de l’augmentation du coût de la vie”.
‘ Une concertation utile?
Reste que Francis Mer, le ministre de l’Economie et des Finances, se félicitait le 29 janvier de la position exprimée par le délégué général de la Fédération française des sociétés d’assurances, André Renaudin, à l’issue d’une réunion de concertation: “Il y a espoir de baisse si les tendances se confirmaient en matière de sinistralité.” Et d’ajouter : “Les tarifs 2004 étant déterminés, si la baisse intervient, cela ne sera pas avant le 1er janvier 2005.” Et parions que d’ici là, tempêtes, inondations ou autres catastrophes viendront ajourner ces belles promesses.