Vol de voitures
Plus de violence, plus de trafics.
Mauvaise nouvelle, même si les vols de voiture ne sont qu’en légère augmentation, passant de 297 058 en 1999 à 301 539 en 2000 (+ 1,51 %), le chiffre des véhicules volés non retrouvés a grimpé de plus de 15 % (86 138 “disparitions” en 2000, contre 74 047 en 1999). Ce sont ainsi 12 091 voitures de plus qui se sont volatilisées. Pas pour tout le monde, puisque les deux tiers de ces véhicules ne quittent pas la France.
La plupart sont revendus après maquillage et établissement de faux papiers, d’autres servent de banque de pièces détachées pour retaper un modèle accidenté ou alimenter des casseurs peu regardants, d’autres enfin sont utilisés pour commettre des délits ou comme monnaie d’échange dans des trafics de drogue. Le dernier tiers est “exporté” vers le Maghreb, l’Afrique ou les pays de l’Est.
Plusieurs raisons à ce que cette activité se porte bien : un réseau bien organisé peut traiter chaque année plusieurs centaines de véhicules, la mise de fonds est faible et les risques ainsi que les peines de prison encourues guère dissuasifs. Et puis, selon Alain Bauer, chercheur, enseignant à la Sorbonne et auteur de plusieurs ouvrages sur la violence et l’insécurité urbaines, la lutte contre ce type de trafic ne motive pas grand monde. Pour les assureurs, payer la réparation d’un véhicule retrouvé dégradé coûte bien plus cher que d’indemniser le vol. Ayant œuvré pour rendre obligatoire le système de coupe-circuit monté d’origine, ils estiment avoir rempli leur rôle.
Toujours selon Alain Bauer, les constructeurs eux-mêmes avouent mezza voce que le remplacement des véhicules volés non retrouvés dans le délai d’un mois fixé par la loi représente une part de production non négligeable. Sans oublier les pays émergents d’Europe orientale ou d’Afrique pour lesquels le trafic de véhicules volés s’assimile presque à une aide au développement. Enfin, l’absence d’une unité spécialisée dans la recherche des véhicules volés au sein de la Direction centrale des services de police ne favorise pas les poursuites.
Effet pervers de l’efficacité des clés de contact “à puce” obligatoires en France sur tous les véhicules neufs depuis le 1er octobre 1998, les propriétaires de voitures ainsi équipées sont exposés à une nouvelle forme de vol. Car pour se procurer la voiture facilement, les voleurs agressent le conducteur au volant ou lorsqu’il monte ou descend de son véhicule. En effet, les vols avec violence, très répandus en Belgique (5 % des 35 000 voitures volées en 1999), connaissent également une montée en puissance en France. Rien qu’à Paris, on enregistre ainsi cinq ou six vols de voiture avec violence par jour.
Mais en parallèle, les voitures non protégées d’origine (construites avant octobre 1998), et principalement les citadines, sont des proies faciles pour les voleurs traditionnels qui commettent beaucoup de vols “au détail” (vols d’accessoires) ou d’emprunts, comme le prouve le fait que 54 % des véhicules volés soient retrouvés dans un délai d’une semaine.
Les citadines restent les modèles préférés des voleurs, suivies par les compactes et, loin derrière, les familiales.